Création du collège communal.

Des établissements ont pu le précéder, comme une « école secondaire » en 1804, la « maison d'instruction » en 1811, qu'il était question d'élever en « collège à entreprise », et, en 1825 déjà, en « collège communal ».

 

 La décision de créer le collège

C'est le 14 février 1875 qu'apparaît la proposition pour la création d'un collège communal à Barbezieux, suite au constat fait par Monsieur Dangla, chef d'une institution libre, (rue du Champ de Foire) de la situation insatisfaisante du secondaire à Barbezieux. Cela rejoint les demandes de nombreux pères de famille. La Commission de l'Enseignement Secondaire est chargée d'en étudier la faisabilité.

Par lettre, l'Inspecteur d'Académie apporte son plein soutien au projet en juin 1875, considérant que le collège communal pourrait absorber facilement la centaine d'élèves des deux institutions libres de la ville.

La décision est prise au Conseil Municipal le 15 septembre 1876, suite au rapport du Président de la Commission, lu par Monsieur Gaillard. L'échec de la fusion des deux institutions libres de la ville, puis la fermeture de l'une d'entre elles a été l'élément déclencheur de la création du collège communal.

Comme le projet de budget envisage une situation déficitaire, c'est l'engagement personnel de Monsieur Gaillard1, également conseiller municipal, de couvrir le déficit pendant cinq années, qui permet à la Commune de s'engager dans la création du collège communal.

Séance du conseil municipal du 18 septembre 1876

Le décret du Président de la République du 5 janvier 1877 autorise la création du collège communal de Barbezieux.

Le collège ouvre en octobre 1877.

1Pierre Gaillard, ancien Conseiller Général du canton de Barbezieux est l'arrière-grand-père de Félix Gaillard, Président du Conseil sous la Quatrième République.

Voici un extrait de l'intervention du Maire demandant le vote du projet :

« Je n'ai pas besoin d'attirer votre attention sur la grandeur et l'utilité de l’œuvre ; vous savez tous de quelle utilité est pour une population la facilité de procurer à ses enfants une institution solide appropriée tout à la fois à la position sociale qu'ils doivent occuper et aux progrès immenses qu'elle a fait de nos jours. »

La séance du 18 septembre contient en annexe le rapport de la Commission, lu par Monsieur Gaillard, dont voici un passage :

« Mieux que personne, Messieurs, vous êtes à même d'apprécier les bienfaits d'une Instruction solide et variée, qui fera de nos enfants des hommes éclairés et dévoués au pays, pour lequel ils ne mesureront pas les Sacrifices à l'heure du danger, quand nous en aurons fait de vertueux Citoyens et de bons patriotes, en élevant leur âme à la hauteur des périls que leurs pères ont traversés.

Nous ne ferons donc que notre Devoir en mettant à la portée de tous, les moyens de donner à ces petits êtres, essentiellement perfectibles, dont le bonheur est notre éternel souci, cette source immense de progrès et de grandeur sans laquelle les plus belles intelligences sont à jamais condamnées à l'impuissance et à l'oubli. »

 

 Les engagements de la Commune et de l’État

 

La Commission fixe comme objectif une centaine d'élèves, dont la moitié d'internes.

Cinq enseignants sont prévus : le Principal, chargé des cours de 3e et 4e ; un professeur de 5e et 6e ; un professeur de 7e ; un professeur de sciences et un professeur de lettres pour l'enseignement spécial.

Les obligations pour la Commune (loi du 15 mars 1850) sont de fournir le local et le mobilier et de couvrir les dépenses du Collège en cas d'insuffisance de la rétribution collégiale à la charge des élèves et des pensions à la charge des internes.

L'Inspecteur d'Académie, lui, s'engage à financer deux ou trois chaires d'enseignement. Le choix du Principal sera fait par le Conseil Municipal, sur présentation des candidats par le Recteur de l'Académie.

L’État et la commune s'engagent chacun pour 10400 francs, la moitié des dépenses totales.

 

Les conditions du contrat passé avec le Principal en 1877

 

La Commission de l'Enseignement Secondaire présente le 8 avril 1877 les conditions du contrat qui sera passé avec le futur Principal :

A la charge du Principal

A la charge de la Commune (50% par l’État)

La Direction et l'Administration du Collège

Un traitement fixe de 2000 francs pour le Principal

Percevoir lui-même la rétribution collégiale, dont il garde une grande partie pour lui-même

Achat du mobilier et du matériel

Nourrir, loger, blanchir, les maîtres d'études

Les traitements des professeurs et maîtres d'études

Payer le chauffage et l'éclairage du collège

Traitements de l'aumônier et du portier

 

Les récompenses pour la remise des prix

 

Le loyer du local du collège

 

L'entretien du matériel et du mobilier

Le traité décennal avec l’État est renouvelé le 23 octobre 1891 : la Commune est engagée pour 11850 francs par an.

 

Sources pour l'ensemble de la présentation sur le collège

Sources principales sur le collège :

Registres de délibérations du Conseil Municipal de Barbezieux de 1870 à 1930, conservés à la Mairie.

Le lycée de Barbezieux, « histoire et souvenirs », publication de l'Amicale des Anciens élèves du lycée de Barbezieux, année 2000

Le Barbezilien, journal hebdomadaire, aux Archives Départementales de la Charente.

Source principale sur l'enseignement sous la Troisième République :

L'enseignement secondaire français et les sciences au début du XXe siècle. La réforme de 1902 des plans d'études et des programmes, M Bruno Belhoste, Revue d'histoire des sciences, pages 371-400, 1990, Tome 43 n°4.