Réunion du 9 octobre 1914 :

retranscription de « l'Adresse aux défenseurs de la Patrie »,

du Maire, M. Bizardel.

 

«Avant d'ouvrir la séance, M. le Maire s'exprime en ces termes :

« Messieurs et chers collègues,

Nous avons, ensemble, à remplir un devoir sacré. C'est d'envoyer à nos jeunes et vaillants soldats, aux défenseurs du sol National et de la civilisation contre la barbarie la plus atroce, le salut des anciens, de ceux que l'âge, déplorable empêchement, retient à l'écart des luttes vigoureuses qu'ils soutiennent.

Dignes de leurs ancêtres, de ceux de Jemmapes1 de Fleurus2, ils vont hardiment, insoucieux de la Mort, vers la Victoire qui délivrera l'Europe du cauchemar étouffant du caporalisme Prussien.

Grâce à l'armée de la République, qui, nous pouvons le dire sans vaine gloriole, synthétise les belles qualités d'une race perpétuellement rajeunie dans son atmosphère d'idéal et de liberté, nous resterons toujours la Nation puissante, généreuse, au souffle large, à la resplendissante auréole.

Elle avait pâli, cette auréole, il y a 44 ans, non par défaillance, mais par l'effet de la lâcheté de deux traîtres, Napoléon III et Bazaine3, qui demeureront à jamais accouplés dans la même note d'infâmie.

L'heure de la revanche a enfin sonné son premier coup.

Malheureusement, nous avons déjà à déplorer bien des deuils.

Honorons ceux qui sont tombés au champ d'honneur. Glorifions les camarades qui survivent. Parmi eux, nous comptons plusieurs de nos collègues, entre autres M. Montigaud, qui s'est conduit en vrai patriote et en bon Français. Je me félicite de le voir aujourd'hui avec nous, guéri de sa blessure.

Cependant, en rendant de justes hommages à nos troupes et à leurs chefs, nous devons y associer les armées alliées qui mêlent leur sang au nôtre pour assurer le triomphe des intérêtes supérieurs de l'humanité.

En particulier, nous avons contracté une grosse dette de reconnaissance envers le peuple belge, qui a malheureusement subi le choc premier qui nous était destiné.

En souvenir de cette page mémorable d'Histoire, je vous propose de donner à l'une des rues de notre ville, le nom de rue de Belgique.

Veuillez désigner vous même la rue qui recevra cette dénomination, ou, si vous le préférez, laissez en le choix à la municipalité ».

Photographie de l'avenue de Belgique à Barbezieux.

A l'unanimité des membres présents, le Conseil approuve les paroles prononcées par M. le Maire, et décide de donner le nom d'avenue de Belgique à la rue d'Angoulême, une des principales artères de la ville ».

La réponse du Ministre de Belgique

1Jemmapes : victoire française sur les Autrichiens en 1792.

2Fleurus : victoire française sur les Autrichiens en 1794.

3Bazaine : Maréchal de France (1811-1888), qui capitule à Metz devant les Prussiens en 1870.